Appel à communications: « La nouvelle alliance industrielle »
Appels à contribution.trackback
La nouvelle alliance industrielle : Entrepreneurs, innovation et création de valeur dans la mondialisation
Les débats et polémiques sur la mondialisation contribuent assez largement à occulter les véritables dimensions du phénomène. Comme souvent en économie, ces dimensions peuvent apparaître contradictoires.
D’une part, la mondialisation n’est pas un phénomène récent. Elle prend sa source dans la constitution des marchés internationaux. Sa forme moderne n’a pas émergé par hasard. Quelles que soient leurs positions passées ou actuelles dans la division internationale du travail, les États et les entreprises ont été directement ou indirectement à l’origine de l’intensification de la circulation des marchandises, des capitaux et des technologies à l’échelle mondiale. Avec la mondialisation, des formes nouvelles d’organisation ont émergé, comme la mise en réseau des firmes et les fortes imbrications entre l’économie financière et l’économie réelle. Les entreprises avaient besoin d’une libéralisation des marchés de facteurs pour créer de la valeur ; les États et les organisations internationales ont aménagé le processus au plan institutionnel. Au surplus, la déréglementation des marchés financiers s’est accompagnée de l’apparition de nouveaux marchés, destinés à couvrir des situations d’incertitude de plus en plus volatiles, comme les opérations de couverture et les risques de contrepartie des entreprises.
D’autre part, la mondialisation n’est pas un deus ex machina qui s’imposerait comme une perspective fatale aux acteurs économiques. Les États et les entreprises subissent, à des degrés variables, le poids de la mondialisation, tout en cherchant à mettre en Å“uvre les moyens de s’en émanciper et d’en tirer bénéfice, dans les pays du nord comme dans les pays du sud. À cet égard, la progression des interdépendances entre les États se traduit par des tentatives de redéfinition des objectifs et des formes de la politique économique, qui tiennent compte, d’un côté, du principe de souveraineté et des intérêts nationaux, et de l’autre, de l’accélération de la transmission des fluctuations internationales et des effets induits sur les marges de manÅ“uvre de l’intervention publique.
La mondialisation s’accompagne également d’un renouvellement des positions institutionnelles dans les négociations bilatérales ou multilatérales sur le commerce, les investissements et la propriété intellectuelle, comme l’illustrent l’évolution des rapports de force autour des différents dossiers débattus à l’OMC et l’échec des discussions de Doha.
De même, les stratégies à la fois concurrentielles et coopératives des entreprises mettent en relief les conditions nouvelles de la valorisation internationale des actifs industriels et financiers. Bien que la crise actuelle rende plus complexe et plus périlleux le pilotage des intérêts combinés des États et des entreprises, elle peut amener ces deux catégories d’acteurs, et d’autres encore, comme les institutions internationales et les ONG, à réfléchir sur de nouveaux modèles d’organisation et de nouvelles manières de gérer l’activité.
Dans cette perspective, il semble que les stratégies concurrentielles des entreprises et la quête de « stratégies de puissance politique » des États puissent converger vers de nouvelles alliances qui permettent de faire émerger un modèle industriel élargi. Ce modèle peut être défini, au plan économique, comme les combinaisons d’applications matérielles et immatérielles, issues de technologies-clés, qui permettent de satisfaire des usages réels et symboliques répondant aux besoins concrets des sociétés mais aussi aux attentes de l’imaginaire social. Il ne s’agit pas à cet égard d’une hypothétique ré-industrialisation sur un mode classique et protectionniste, mais d’une montée en gamme de la production de valeurs d’usage, qui privilégie les services à valeur ajoutée issus des nouveaux systèmes techniques, et qui permette de répondre à la demande sociale (Amazon, Apple, Deezer, etc.).
En témoignent les éléments de réflexion qui s’articulent autour de trois axes privilégiés.
En premier lieu, le nouveau modèle industriel aurait pour socle les applications multidimensionnelles d’activités aussi innovantes que l’économie numérique, les industries créatives, les nouveaux matériaux, les industries du vivant, les énergies renouvelables, ou encore, les nanotechnologies. Activités innovantes, avec de fortes relations entre elles, mais également activités structurantes pour le reste de l’économie.
En deuxième lieu, ce modèle industriel élargi s’appuierait non seulement, comme aujourd’hui, sur les réseaux d’entrepreneurs, qui se développent aussi bien dans les pays développés que dans les pays émergents et les pays en développement, autour de clusters ou de milieux métropolitains. Mais il pourrait également dépasser les formes entrepreneuriales classiques, à la Schumpeter, pour s’approprier de nouvelles conditions de création de valeur, à l’image de l’entrepreneur social de l’économie sociale et solidaire ou des entrepreneurs-utilisateurs-contributeurs des réseaux sociaux.
En troisième lieu, le modèle ne serait certainement pas viable si l’on n’y ajoutait pas la mobilisation des actifs financiers nécessaires pour satisfaire les besoins de financement d’activités souvent très gourmandes en capital et en technologie. Cette dimension pourrait impliquer des inflexions sur lesquelles il importe de réfléchir. Trois questionnements importants reflètent cette dimension. Comment attirer une part plus grande des sources de financement vers les investissements productifs ? Comment orienter les capitaux vers les activités nouvelles ? Et comment favoriser le développement des actions de capital-risque tournées vers l’accompagnement de l’innovation ?
La nouvelle alliance autour d’un modèle industriel élargi fait ainsi apparaître le rôle fondamental d’un triptyque entrepreneurs-innovation-financement, qui pourrait stimuler l’émergence de régulations propres à influencer les conditions d’organisation de l’activité économique au sein de l’économie mondiale, au-delà de la crise actuelle et des issues qui permettront de la dépasser.
C’est à partir des perspectives ouvertes par un tel modèle, dont la nature particulière a été définie ci-dessus, et en s’efforçant d’identifier plus précisément les facteurs qui seraient favorables à sa consolidation, que nous souhaiterions solliciter la réflexion des participants à ce colloque, organisé par l’ISERAM, le jeudi 5 avril 2012, à la Maison de l’Europe à Paris. Les thèmes abordés pourraient s’articuler autour des trois axes induits par la nouvelle alliance industrielle et présentés dans les développements précédents.
Axe 1Â – Entrepreneurs et entrepreneuriat
- Acteurs de la protection du patrimoine intellectuel et stratégique
- Acteurs majeurs de la RSE : ONG, fonds éthiques, organismes de normalisation, etc.
- Écologie et globalisation : acteurs proactifs et acteurs résistants
- Émergence des acteurs de l’économie parallèle
- Réseaux d’entrepreneurs, clusters et milieux entrepreneuriaux métropolitains
- Exploration des nouvelles formes organisationelles
- Nouveaux types de management
- Nouvelles formes d’entreprendre : l’entrepreneur social et l’entrepreneur-utilisateur-
contributeur des réseaux sociaux
- Pilotage des entreprises globales éclatées ou en « kit » : siège, usines, R&D, etc.
Axe 2 – Innovations singulières
- Diversité des formes innovantes de création de valeur
- Rôle de la prospective et de l’intelligence économique dans le processus d’innovation
- Les industries créatives comme matrices du nouveau modèle industriel
- Les nouvelles conditions d’appropriation de l’innovation par les entreprises : l’innovation
ouverte et l’atténuation des frontières de l’entreprise
- Régénération de l’industrie par le développement du numérique
Axe 3 – Voies de financement revisitées
- Acteurs et conditions de rééquilibrage des flux mondiaux de l’épargne
- Rôle des banques et des acteurs institutionnels et internationaux dans le financement de
l’innovation
- Innovation, capital-risque et finance alternative
- Fonds d’investissement et financement des technologies émergentes
Comité scientifique
Alain Amintas, Université de Rennes 2 et CIAPHS, Université de Rennes 2
Gilles Antier, IAURIF et Institut d’Etudes Politiques de Rennes
Pierre Barbaroux, Ecole de l’air (Salon de Provence)
Amina Bécheur, Université de Marne-la-Vallée
Danièle Benezech, Université de Rennes 1
Faouzi Bensebaa, Université de Reims, ISEG Group
Philippe Béraud, Télécom Bretagne et CIAPHS, Université de Rennes 2
Annie Blandin, Télécom Bretagne
Rolande Borrelly, Université de Grenoble 3 et ISMEA
Sophie Boutillier, Université du Littoral et Labrii
Michel Capron, Université Paris-Est-Créteil
Didier Chabaud, Université d’Avignon
Tawhid Chtioui, ISEG Business School
Franck Cormerais, Université de Bordeaux 3
Marc Hubert Depret, ESSTIN, Université de Nancy
Pablo Diaz, Institut d’Études Politiques de Rennes
Viviane du Castel, ISEG Group
Faridah Djellall, Université Lille 1
Delphine Gallaud, Agrosup Dijon
Faïz Gallouj, Université Lille 1
Gonzalo Garcia Nunez, ancien directeur de la banque centrale du Pérou
Pierre Guidicelli, Université Paris 1
Abdelillah Hamdouch, Université de Tours
Marc Humbert, Maison franco-japonaise de Tokyo
Thierry Isckia, Télécom Paris
Adrienne Jablanczy, ISEG Group
Laperche Blandine, ULCO
Nadine Levratto, CNRS, Université Paris 10
Ababacar Mbengue, Université de Reims
Karim Messeghem, Université de Montpellier
Pierre Musso, Télécom Paristech et Université de Rennes 2
Parina Hassanaly, IEP Aix en Provence
Jean-Louis Perrault, Université de Rennes 1 et CIAPHS, Université de Rennes 2
Yvon Pesqueux, CNAM Paris
Fabienne Picard, Université de Technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM)
Sophie Reboud, ESC Dijon
Ali Smida, Université Paris 13
Corinne Tanguy, Agrosup Dijon
Leila Temri, Supagro Montpellier
Adelino Torres, UTL, Lisbonne
Dimitri Uzunidis, Université du Littoral et Labrii
Comité d’organisation
Faouzi Bensebaa, Philippe Béraud, Viviane du Castel, Adrienne Jablanczy.
Les projets de communication de deux pages maximum, bibliographie comprise, devront être envoyés avant le 15 décembre 2011 au secrétariat du colloque : viviane.du-castel-suel@iseg.fr. La réponse du comité scientifique parviendra aux auteurs au plus tard le 15 janvier 2012.
Le colloque se déroulera à la Maison de l’Europe, à Paris, le jeudi 5 avril 2012. Ce colloque bénéficie de la collaboration du laboratoire de recherche CIAPHS, Université de Rennes2. Il s’inscrit également dans le cadre du Forum innovation 2012. En outre, ce colloque est réalisé en partenariat avec le Réseau de Recherche sur l’Innovation (RRI) et les revues Innovations. Cahiers d’économie de l’innovation, Journal of Innovation Economics et Journal of the Knowledge Economy.
Commentaires
Commentaires fermés pour ce billet